Déjeuner en paix.
Il faut bien admettre que cette semaine est étrange. Elle a été le théâtre de pléthore de changements, mais paradoxalement, aucun me concernant. Je suis fatalement pris à défaut, ne sachant comment répondre aux défis qui se présentent à moi. Je suis coincé entre ma propre frustration et celle des autres sans savoir pourquoi elle se manifeste ainsi. La semaine a cristallisé les errances du passés pour me les faire sauter au visage. Je suis là à croire que ça ira mieux demain, mais la vérité c'est que Einstein a raison "la folie, c'est de se comporter de la même manière et s'attendre à un résultat différent". On en est là, à répéter des schémas que l'on sait définitivement néfastes, sans trouver ni la force ni les moyens de s'en extirper. Je suis d'une faiblesse navrante en fait, d'une faiblesse inavouable et intolérable.
Je manque d'une bande son, d'une mélodie qui traduirait correctement mon état. Même ça j'y arrive d'habitude. Z. disait se sentir comme une coquille vide, perdue à ne pas trop savoir quoi penser. Je crois être simplement l'opposé exact. Remplis d'une multitude d'espoirs, de croyances, de souhaits, de sentiments et d'impuissance. Comme ces tonneaux qui débordent, trop plein d'une horrible piquette. Je suis à deux doigt d'un implosion contenue. Je ne sais pas trop comment définir ça, mais je crois que je pourrais disparaître sans états d'âme ce soir, pour effacer les regrets et les doutes qui m'assaillent. Je pourrais vendre mon âme contre un peu de la plénitude de la semaine passée, contre un morceau de silence.
Ça passera, le clair se fera de lui même. Peut-être même que les choses s'arrangeront. Je pensais que mon bracelet serait là pour me rappeler qu'espérer, c'est vivre. Pour l'instant, il est surtout là pour me rappeler que l'on a rien gagné avant la fin du match. Je crois pouvoir dire que c'est peut-être comme ça que l'on grandit, en perdant pied quand tout devrait aller bien. J'éponge les dettes et regrets des autres, parce que je ne conçois pas de ne pas le faire. Chacun mérite le calme. Espérons qu'un jour quelqu'un saura éponger les miennes. Et croyez moi, il y en a long. A. peut-être, si j'arrive un jour à me décider.
"Cette fois je ne lui annoncerai pas
La dernière hécatombe
Je garderai pour moi ce que m'inspire le monde
Elle m'a dit qu'elle voulait si je le permettais
Déjeuner en paix, déjeuner en paix "