Consumer.
J'ai encore tellement pleuré que l'eau m'est entrée dans les oreilles. Ne jamais regarder le plafond en pleurant. Les larmes qui perlent, encore, alors que je pensais les avoir renvoyé loin, très loin. A nouveau dévasté par ce que je ne vis pas, alors que je profite tellement de ce que je vis. Paradoxe. J'ai l'impression d'être habité par un incendie qui consume inlassablement une éternelle forêt. Et quand, parfois, je maîtrise la flamme, la place à l'abris d'une cloche de verre, je ne peux m'empêcher de la libérer et de regarder, fasciné, le spectacle de mon incendie intérieur.
J'ai encore tellement l'impression de ne pas être fini, d'être une ébauche, comme les pièces d'un jouet pas encore assemblé. Les jouets que l'on déballe à noël, entourés d'autant de papier cadeau que d'hypocrisie et de bons sentiments. Ceux-là même qui nous obligent à voir toute la famille, alors qu'il y a tellement d'autres occasions de montrer qu'on les aime. Se sentir obligé, c'est être prisonnier. Et je crois que les cages sont faites pour être ouvertes.
La liberté. Elle réside dans quoi, la liberté ? Dans une idée que l'on se fait d'elle ? Dans les poids que l'on soulève ? Dans les barrières dont on se moque ? Elle tient à quoi, la liberté alors ? Elle tient à ce que je n'ai pas dis à mes parents, à mes plus anciens amis ? Au poids du mensonge, même par omission ? Elle viendra avec le temps, les années, l'expérience ? Foutaises. La liberté, c'est un état d'esprit, c'est une philosophie. La liberté c'est choisir, même quand on a pas le choix. La liberté, c'est inventer des options que l'on ne propose pas. C'est faire les choses sans raison. La liberté, c'est aujourd'hui et maintenant. C'est actif, c'est action. La liberté, c'est le chemin, pas la destination.
Et moi, j'ai encore parfois l'impression de me tenir à ce qu'on me propose. J'ai progressé déjà beaucoup. A l'instant, on ne le croirait pas, mais j'ai gagné beaucoup de terrain. Je sais d'où je pars, mais il y a des prisons dont on ne sors pas à coup de boutoir, à coup de décision. Il est des prisons qui malgré tout ont besoin d'une clef que l'on a déjà dans les mains. Il suffirait de l'entrer dans la serrure et de la tourner. Mais dehors, loin de la peine que l'on ne sait qu'entretenir, il y a un monde qui est inconnu. Et l'inconnu, ça me fait peur.
Je divague, je digresse. Mais c'est que je mène ma vie de cette façon, sans vraiment savoir où elle va, en attendant que quelqu'un trouve quelque chose à aimer dans cet océan de doutes. Mais après tout, mes doutes, c'est moi.